Le maintien à domicile semble constituer la solution universelle préconisée aux personnes âgées par la société, les collectivités publiques et les familles. Plébiscitée par les français, cette solution comporte en effet nombre d’avantages. En revanche, elle peut ne pas convenir à tous les profils. Résider en maison de retraite n’est certes pas sans inconvénients, mais c’est parfois un soulagement important pour la personne âgée. Ainsi, trouver la solution la meilleure pour nos aînés réclame de laisser de côté les préjugés et d’envisager toutes les options en toute connaissance de cause.

Ne pas négliger le confort du maintien à domicile

Les personnes âgées rechignent au changement. Nos aînés ont leurs habitudes, parfois bien ancrées par le temps. Lorsqu’elles résident depuis longtemps au même endroit, comme c’est le cas pour la plupart, elles connaissent leurs voisins, les commerçants du quartier ; et l’environnement familier de leur domicile est un confort indéniable. L’attachement à un quartier, à des visages connus, la possibilité de continuer à habiter dans une maison qu’il connaisse, est un facteur à ne pas négliger.

Autrefois, les personnes en perte d’autonomie ne pouvaient pas envisager de rester chez elles. Aujourd’hui, grâce à un véritable effort entrepris depuis plus d’une décennie par les pouvoirs publics, des solutions permettent d’envisager le maintien à domicile. Les Services de Soins Infirmiers À Domicile (SSIAD), les services d’aide-ménagère pour les courses ou le rangement de la maison, mais aussi les services de portage de repas à domicile et tout l’éventail des professionnels de l’aide et des services à domicile, sont autant de facilités à disposition de nos aînés qui souhaitent envisager de rester le plus longtemps possible chez eux.

Le coût de ces mesures d’accompagnement n’est pas négligeable, mais il existe également de nombreuses aides financières et sociales, au premier rang desquels l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) à domicile, permettant de couvrir tout ou partie des coûts du maintien à domicile.


Maintien à domicile : les inconvénients

Si le maintien à domicile est une solution souhaitable dans l’idéal, la réalité n’est pas toujours conforme. Ainsi, les personnes âgées vivent souvent très isolées, sans guère de visites familiales ou de connaissances. L’éloignement géographique, le mode de vie moderne, l’éclatement de la cellule familiale, sont autant de facteurs qui expliquent et renforcent la solitude de nos aînés. Aussi, même si le maintien à domicile résout les aspects techniques et médicaux de la prise en charge de la dépendance, il ne saurait être la panacée pour rompre l’isolement des personnes âgées.

Les problèmes de sécurité domestique constituent par ailleurs un autre inconvénient majeur de la formule de maintien à domicile. Le nombre d’accidents domestiques touchant chaque année les personnes âgées chez elles est en augmentation constante. Pour éviter ces accidents aux conséquences néfastes, parfois dramatiques, il faut réaliser – mais ce n’est pas toujours possible - tous les aménagements nécessaires au domicile de la personne concernée. Parmi les installations élémentaires, citons : la pose de barres de soutien dans les couloirs et salle de bain, le remplacement du gaz par l’électricité, l’installation de sols antidérapants, etc. (liste non exhaustive)


Envisager un séjour en maison de retraite

L’alternative au maintien à domicile est, si l’on exclut l’accueil de la personne âgée au domicile d’un de ses enfants, l’accueil en établissement d’hébergement. Envisager un séjour en maison de retraite bien avant d’y être contraint permet d’effectuer un choix serein et non un choix contraint. Entrer en établissement peut constituer un énorme soulagement pour une personne âgée isolée à domicile, ou bien dont l’autonomie trop réduite rend la vie difficile en dehors d’un cadre d’accueil spécialisé.


Les solutions de compromis

Le passage d’une situation de maintien à domicile à une vie en institution peut parfois sembler brutal. Il faut tout d’abord savoir que l’entrée en résidence d’accueil pour personnes âgées n’est jamais définitive. Même en long séjour, un résident peut décider, si sa santé le permet, de regagner son domicile. Avant d’envisager cette option, on pourra tester la vie en résidence sans devoir s’engager complètement, grâce à l’accueil temporaire. Courts ou moyens séjours, ces formules permettent de « goûter » à la vie en collectivité, pour un temps déterminé. Autre solution de compromis, essentiellement recommandée pour les malades d’Alzheimer : l’accueil de jour. Ces solutions peuvent également être envisagées comme des étapes, permettant de préparer, tant la famille que la personne âgée concernée, à une modification plus profonde de son mode de résidence.


L’avis de la personne âgée

Le maître de mot d’une entrée réussie en maison de retraite passe par un nécessaire dialogue. Même malade, même handicapée, une personne âgée reste une personne adulte et garde son mot à dire. Trop souvent encore, on voit des enfants décider seuls du placement en institution de leur parent. Les maisons de retraite sont de plus en plus nombreuses cependant à exiger que le futur résident effectue lui-même une visite dans leur établissement. Une décision telle qu’entrer en maison de retraite ne peut se prendre sans concertation. Il faut privilégier le dialogue avec la personne âgée, solliciter son avis et l’impliquer dans la démarche pour favoriser son épanouissement dans son nouveau cadre de vie.


Un maître mot : anticiper

Pour éviter les drames, pour ne pas être pris au dépourvu et pour pouvoir assumer ces choix de vie en toute sérénité, il n’existe qu’un seul maître mot : anticipation ! Anticiper, c’est imaginer, par exemple, qu’une grand-mère déjà fragilisée par une fracture risque de se retrouver en situation de grave perte d’autonomie en cas de nouvelle chute. Anticiper, c’est prendre conscience qu’on ne guérit pas encore, malheureusement, de la maladie d’Alzheimer, que la dégénérescence neuronale se poursuivra inexorablement jusqu’à ce que le malade adopte des comportements à risque et ne devienne même dangereux pour lui-même. Anticiper, c’est s’assurer, avant d’être mis au pied du mur, du meilleur avenir possible pour nos aînés.